Dernière modification le 10 novembre 2021 par jeff
Qui n’a pas entendu ces expressions fleuries : « t’es qu’un/e gros/se … » ou bien encore « t‘es vraiment trop…. » ?
L’adolescence sous l’action de bouleversements physiques et hormonaux apporte son lot « d’effets indésirables » et notamment de brusques changements d’humeur. La joie peut laisser place en quelques minutes à une colère que votre adolescent a bien du mal à réguler, et que vous avez bien du mal à supporter (à juste titre). Cette colère peut prendre des proportions assez considérables et dégénérer très rapidement.
Mais pourquoi cet adorable enfant à l’humeur joyeuse, et câline peut-il devenir un être aussi insupportable qu’attachant que l’on a juste envie de démolir, et comment peut-on faire pour retrouver une relation plus sereine ?
Auteur : Anne-Laure TARDÉ (coach scolaire et psychopédagogue)
L’adolescence est une période qui marque la séparation des parents et des enfants. Ils deviennent indépendants et préparent leur entrée dans le monde. C’est un processus naturel qui commence dès la naissance. Tout comme sa période d’individualisation, lorsqu’il était un enfant de deux ans et qu’il disait non à tout, l’adolescent remet le couvert pour intégrer le monde adulte.
À cela, s’ajoutent les troubles émotionnels de l’adolescence alimentés par les hormones de la puberté. Ces dernières sont à l’origine des montagnes russes et font que les adolescents ont une mèche extrêmement courte. Les lobes frontaux de leur cerveau qui régulent « la maîtrise de soi » ne se sont pas complètement développés (ils le seront au milieu de la vingtaine). Patience, patience.
Alors, comment faire pour traverser cette période éprouvante sans s’épuiser ? Quelles sont les erreurs à éviter pour ne pas envenimer cette situation et retrouver une relation plus apaisée ?
ERREUR N° 1 : Répondre à sa colère par la colère…
Si cela marchait, cela ferait longtemps que vous auriez réglé le problème…
Même si c’est tentant et humain, cela ne fera qu’augmenter la sienne et le message que vous voudriez lui faire passer serait inaudible, car la particularité du cerveau des adolescents (mais aussi des adultes, soyons honnêtes) est de se fermer comme une huître au moindre cri, reproche ou critique.
Dans un premier temps, il serait donc plus efficace de reconnaître son émotion en lui disant : « je vois que tu es en colère… » Puis après de fixer une limite : … Et tu n’as pas le droit de m’insulter… l’objectif étant à plus ou moins long terme de verbaliser ce qui le contrarie sous une forme entendable et donc acceptable en société.
S’il continue à vociférer, alors il vaut mieux stopper la discussion et la différer, votre ado en mode colère n’étant plus capable (temporairement) de réfléchir… car le cerveau limbique où siège les émotions court-circuitent le cortex qui gère le raisonnement et la réflexion… C’est une réaction physiologique plutôt qu’une intention réelle de vous blesser.
ERREUR n°2 : Croire que parce qu’il est en colère, votre adolescent est une mauvaise personne
Il est lui aussi débordé par tous ces changements hormonaux et ne sait pas comment les réguler. Garder en tête que ce sont des problèmes de développement plutôt que de les considérer comme une lutte de pouvoir ou de rejet.
ERREUR n°3 : Ne rien dire par peur d’éviter sa colère
Si votre adolescent a le droit d’être en colère, vous aussi… Et lui dire ce que vous avez sur le cœur est une manière de lui signifier qu’il n’est pas le centre du monde et que « les autres » ont aussi droit à leurs émotions, quelles qu’elles soient… Le tout dit dans un respect mutuel.
La communication non violente peut vous aider à exprimer vos ressentis et vos attentes sans agresser votre enfant. :
« J’ai besoin de respect, et je te demande de ne plus me parler sur ce ton, sinon je ne parle plus avec toi. »
En lui faisant part de vos besoins (de respect, de reconnaissance, d’écoute), vous lui apprenez à être plus à l’écoute de lui-même et de ses propres besoins. Il sera donc plus à même par la suite de reproduire.
ERREUR n°4 : L’infantiliser
S’il y a bien une chose que votre adolescent ne supporte plus et qu’il le met en rage, c’est que vous le preniez pour un « bébé ». Par conséquent, il vous repoussera en vous signifiant qu’il n’a plus besoin de vous… Et cinq minutes plus tard, très paradoxalement, il pourra solliciter votre aide pour un devoir scolaire, par exemple.
Alors, faites-lui savoir que vous êtes là s’il a besoin de votre aide et laissez-le gérer seul pour le reste.
ERREUR n°5 : Critiquer chacun de ses mouvements
Chaque critique est perçue comme un coup de poignard et porte un coup à son estime. Le risque de déclencher une grosse colère est fort. Votre adolescent est vulnérable, et ne se sent pas en sécurité : il quitte sa carapace d’enfant et n’a pas encore revêtu celle de l’adulte (c’est le fameux complexe du homard selon Françoise Dolto).
Alors, efforcez-vous autant que possible de choisir vos mots avec soin (même si quelquefois, dans le feu de l’action, c’est très difficile).
ERREUR n°6 : Croire qu’il n’a plus besoin de vous
Même s’il semble continuellement prendre ses distances, il aura toujours besoin de votre amour. Par conséquent, consacrez-lui du temps. Profitez-en pour aller au cinéma, voir un match de foot, ou organiser une après-midi shopping dans son magasin préféré.
Les différents points évoqués vous éviteront de vous engager dans un rapport de force et une lutte de pouvoir qui ne feraient que détériorer votre relation et l’ambiance familiale. Néanmoins, les résultats ne sont pas magiques et demandent beaucoup d’entraînement.
Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec vos propres émotions, n’hésitez pas à chercher de l’aide, car
l’éducation que nous avons reçue nous a plus ou moins bien outillés sur ce sujet, par méconnaissance la plupart du temps. Les préoccupations quotidiennes étaient très différentes.
Apprendre à nos enfants et à nos adolescents à gérer leurs émotions constitue une opportunité de développer de meilleures relations tant au niveau personnel que professionnel.
Et cela, par contre, relève de notre responsabilité parentale aujourd’hui.
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Situation peut-être très fréquente, mais taboue. Je suis contente d’observer qu’il y a peut-être une évolution dans l’écoute des adultes.
Pour avoir été dans cette situation, je veux envoyer ma solidarité aux autres parents, en particulier les mères vivant cette situation, et qui sont seules.
Une maman demandant de l’aide car elle est dépassée par la violence de son ado, sera vite soupçonnée de « toxicité « , terme que j’ai très souvent entendu ces dernières années…. Alors si ça peut changer…..
Bonjour,
Merci pour votre message.
Anne-Laure
Merci. Mon fils n’est plus ado et’rs insultes pleuvent…
Mère seule, avec ado en pleine crise… je confirme c’est très très difficile. Mais que faire?
Bonjour,
Merci pour votre message.
Effectivement votre situation est loin d’être facile. Je ne vais pas pouvoir vous donner la recette magique en quelques lignes.
Commencer par le commencement : mettez des règles, simples et faites les respecter. 2 ou 3 de bases qui semblent importantes à vos yeux comme : le respect, la façon de parler etc.
Penser que vous avez un moyen d’action : les finances. C’est certes un peu du chantage, mais c’est un moyen.
Ensuite, c’est contre intuitif, mais ne cherchez pas à vouloir contrôler la situation de vos ados. Vous faites de votre mieux, et c’est déjà un exploit en soi.
Enfin pensez à vous!Faites vous plaisir quand vous le pouvez. Détachez-vous du « je le fais pour mes enfants ». Non, vous le faites pour vous-même, vos enfants ne sont pas en sucre.
Pensez que l’adolescence est un passage, certes difficile pour les parents, mais aussi pour l’adolescent lui-même. Mais ils évoluent et bien souvent pour le meilleur.
Voilà, en quelques lignes ce que je peux vous dire.
Bien à vous
Jean-François